vendredi 30 mai 2008

"Calamity Hillary" grille ses cartouches

Une killeuse redoutablement efficace en campagne, une pro des meetings à la détermination sans faille, qui suscite pourtant une question de plus en plus partagée par les Américains eux-mêmes : pourquoi Hillary ne jette-t-elle pas l’éponge ?
Beaucoup de démocrates la soutiennent certes, et sur le front de la course à l’investiture, son équipe de campagne joue le jeu du vote populaire versus le vote des délégués mais cette petite bataille bien dangereuse pourrait lui coûter cher…

Hillary à tout prix ! Décryptage des stratégies du camp Clinton

Pour les francs-tireurs du parti, pour les nombreux électeurs démocrates qui ne sont pas convaincus que Obama battrait McCain ou pour son Kill Bill de mari, Hillary Clinton dévoile un jeu en trois manches, une stratégie féroce et ambitieuse, à l’image d’une candidate conquérante.
Première stratégie, purement comptable : décrédibiliser la thèse selon laquelle Obama aurait l’avantage en arguant de sa propre ascendance dans la course. En as de la gâchette facile, les pro-Hillary sont allés très (trop ?) loin en comparant les primaires de Floride aux élections du Zimbabwe ou de la présidentielle de 2000, argument on ne peut plus explicite qui résonne avec fracas aux oreilles yankee : on nous a truqué la campagne, les recomptes sont nécessaires ! Accusation d’autant plus hypocrite que les lois arithmétiques jouent contre elles : Obama aurait à ce jour gagné un demi million de votes populaires de plus qu’elle au cours de ces longs mois de primaires. Et tout le monde sait –même si l’on peut sans offusquer, avec raison- que le vote populaire reste symbolique et que le seul nombre qui compte réellement pour accéder à la nomination en août est celui des délégués (mais là aussi Obama en a déjà 200 de plus). Quant aux délégués de Floride, précisément, Hillary et son équipe étaient les premiers à demander qu’on n’en tienne pas compte, l’état (comme le Michigan) ayant avancé la date de la primaire sur le calendrier démocrate, entravant ainsi les règles de fonctionnement du parti. Demander aujourd’hui qu’on tienne compte de ces délégués relève au mieux de l’amnésie collective, au pire d’un cynisme agressif qui ne fait pas honneur à un modèle démocratique déjà bien critiqué. Coup de poker (menteur) et bluff majestral qui ne lui assureront pas une bonne main, le peuple américain n’aime pas les mauvais perdants…et là ils ont du mal à suivre…

En découle la stratégie du diviser pour mieux renier mais celle-ci s’annonce tout aussi contre-productive. Alors que McCain, le candidat républicain, est en embuscade depuis le mois de mars, qu’ont à gagner les démocrates d’une telle division ? A supposer qu’elle joue le tout pour le tout et tente de se maintenir pour former un " ticket ", est-il raisonnable de penser qu’elle puisse être la vice-présidente crédible d’un président-ex-candidat qu’elle aura tant fustigé ?

Phase finale d’un jeu de roulette rusée

La dernière piste, et seul pari gagnant, est celui des 800 " superdélégués " (ces hautes figures du parti, anciens leaders, officiels ou membres du Congrès en exercice). Hillary Clinton s’est depuis peu lancée à leur conquête quasi exclusive: elle leur a envoyé à tous une lettre ouverte avant-hier pour plaider sa cause. Son staff est persuadé que sa victoire probable à Porto Rico dimanche (négligeable sur le plan comptable) en convertiront davantage et elle mise, surtout, sur l’argument "qui de nous deux battra McCain ? " Mais une enquête du New York Times-CBS News révélait hier que 320 soutenaient ouvertement le candidat maverick de l’Illinois contre 275 pour sa rivale (dont Bill et Hillary eux-mêmes !).166 de ces caciques cerbères ne se prononçaient pas publiquement, (parmi lesquels Al Gore) et restent donc des cibles de choix.
Pour l’heure, Nancy Pelosi ( Speaker de la Chambre des représentants) et Harry Reid (leader de la majorité démocrate) encouragent les " super délégués " à exprimer leurs intentions publiquement la semaine prochaine en vue d’avoir un candidat avant la fin juin. Le but pour le parti : changer la donne, abattre son jeu et reprendre la main, pour de bon, pour le prochain round, coup de lasso final pour l’homme à abattre le 4 novembre : John McCain.

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