samedi 17 mai 2008

"Tsarkozy" : le coup d’éclat permanent

Dans son livre pamphlet contre De Gaulle Le coup d’état permanent, François Mitterrand écrivait : " les temps du malheur sécrètent une race d’hommes singulière qui ne s’épanouit que dans l’orage et la tourmente. " Maxime par trop bien vérifiée par l’histoire et prophétique à la fois, elle semble s’appliquer avec une certaine acuité à notre bon président, peut-être le plus monarchique d’entre eux alors même qu’il se met à distance de tout principe régalien.

Mitterand citait également en exergue de son deuxième chapitre cette phrase de Louis XVIII : " depuis sa rentrée il est chef de parti et il n’en fait pas mine. Son nom est un drapeau de menace. Son palais un point de ralliement. Il ne remue pas et cependant je m’aperçois qu’il chemine. Cette activité sans mouvement m’inquiète. comment s’y prendre pour empêcher de marcher un homme qui ne fait aucun pas ? " La formule est intéressante en ce qu’elle a de rigoureusement réversible aujourd’hui : oui, sarko s’agite, remue et multiplie les faux pas. Verbaux d’abord. On connaissait le candidat Kärcher, on allait découvrir le président " pauv’con ! " Politiques, ensuite, et par-là même autrement plus graves. De cafouillages en rétropédalages, d’ajustements thérapeutiques en mea culpa cosmétique, le tribun hors pairs voit à présent sa cour se disloquer et le palais de l’Elysée comme un point de rupture et non plus " de ralliement ".

A l’étranger, on s’en émeut un peu à la veille de la présidence de l’union. Pire, on se gausse des dérives de notre président-sandwich (voir la couverture de la presse anglaise au départ du couple Sarkozy-Bruni que la politesse toute britannique avait su réfréner au cours de leur visite officielle) aux 55 réformes proclamées.
La question est donc : comment empêcher cet homme pressé de commettre d’autres bourdes qui ne resteraient comiques et pathétiques s’il n’était resté qu’un " chef de parti ". George Marchais savait bien nous faire rire, non, même à l’insu de son plein gré ?

" Super-sarko bling bling " ou la théorie du l’on récolte ceux que l’on s’aime…

Evidemment, il est aisé de dire que la presse a bon dos de tirer sur une ambulance alors même que le président jouit de la plus forte désapprobation jamais reçue au terme d’une année de mandat par aucun président de la cinquième république. De coups de gueule en coups d’éclat, le président a réussi à obtenir une cote de popularité plus basse que nul autre président avant lui : un tiers des sondés seulement lui accordent désormais leur confiance!
Le jubilatoire " Putain, 4 ans… " de l’hebdomadaire Marianne prophétise cette semaine la fin des haricots et la gabegie généralisée ! Qui d’autres que les médias ont inventé les " bling bling " et autres " super sarko " ? Mais ces tribulations sémantiques ne sont bien nées que d’une observation, forcément minutieuse et toute professionnelle, des comportements présidentiels. Ah, l’épisode la croisière s’amuse à bord du Paloma, l’arrivée en Falcon maltais, Camping 2 ou les tentes bédouines Khadafiennes en pleine cour de l’Elysée, Indiana-Kouchner dont Ingrid attend encore l’assaut ! Les Guignols s’en repaissent, le boulot n’a jamais été aussi facile ! Oui, il l’a cherché et même ses précieux alliés d’antan ne cachent plus leur malaise. Après les brimades envers Rama Yade, les échappés de juppé, à quand un " Mai 2008 expliqué à André Glucksmann"? Ses coups d’éclats se transforment en coup d’épée dans l’eau et en coups dans le dos, on ne s’en émouvra guère...

Du " potlatch " et de la théorie du don court-circuitée

Théorisée en grande partie par le sociologue et anthropologue Marcel Mauss, le principe dit du
" don et du contre don " (ou Potlatch) s’avère très éclairant. Le don est a priori défini comme totalement désintéressé mais point de charité chrétienne ici, la personne qui reçoit se sent redevable et se doit, nécessairement, pour elle-même et pour la survie de la communauté toute entière, de faire un don en retour. Oui, Sarko a donné, nous a donné, s’est donné, pendant la campagne présidentielle. Des cités de banlieue au port de pêche de Lorient, en apothéose mégalo au meeting de Paris-Bercy. N’y avait-il pas déclaré devant une vingtaine de milliers de personnes : "durant ces quatre mois, je vous le jure, j'ai tout donné" ? Et le peuple lui en a su gré, l’assurant en retour d’un contre-dont de 53%…Si l’on suit le cheminement potlatchien et la bonne marche anthropologique de notre cher pays, il est celui redevable à présent envers un peuple tout entier. Mais attention, l’échange doit être équitable ! Point de réformes-breloques, mesurettes-pacotilles, et autre promesses-bimbeloteries, le Président se doit d’être à la hauteur du don qui lui a été fait pour que le deal, le troc, soit parfaitement gagnant-gagnant, pour emprunter à une autre aspirante maussienne. Alors redonner de l’éclat véritable à une présidence et surtout à une politique qui en manquent cruellement, mille fois oui, pour une bonne remise en " marche " et un " cheminement " réel vers des temps moins troublés ou bien la formule " briller ou disparaître " sera bel et bien la sanction pour ce quinquennat qui n’aura jamais paru aussi long...

1 commentaire:

Sandrine a dit…

Ton article est très intéressant, sauf qu'il me manque quelques mots de vocabulaire pour vraiment l'apprécier !!
Heureusement wikipedia est là!!

Pour ceux qui on eux dû mal comme moi, voilà quelques définitions:
régalien
exergue
tribun