samedi 17 mai 2008

Hillary Clinton joue son maintien dans la course

mardi 6 mai 2008

Nous aimons les Etats-Unis et nous en amusons, parfois, pour ses idiosyncrasies que nous ne manquons pas de regarder, souvent, avec une certaine condescendance bienveillante.
Spécificité du fédéralisme américain, entre autres exemples, chaque état se voit gratifié d’un petit surnom, poétique et imagé: California, " the Golden State ", Florida, " the Sunshine state " ou plus prosaïquement descriptif tel l’Arizona de McCain, " the Grand canyon State " ou l’Illinois d’Obama, " Land of Lincoln ". La disparition des départements sur nos plaques minéralogiques en janvier prochain pourrait-elle nous inciter à réaffirmer nos identités départementales d’une manière tout aussi sympathique ? Haute-garonne, " LE pays du cassoulet ", Finistère, " battu par les vents ", le Nord, " bienvenue chez les Ch’tis " ? ! Outre ce surplus métaphorique, supplément d’âme et affirmation identitaire à la fois, les états américains ont également chacun une devise, slogan-étendard ou formule programmatique qui vise à réaffirmer les valeurs qui leur sont propres.
Prenons celui du territoire de Guam : " Where America's Day Begins " (" là où l’histoire de l’Amérique commence "). Devise ambitieuse s’il en est pour cette île du Pacifique de quelques 175 000 habitants, la formule n’en reste pas moins pertinente dans la course à l’investiture démocrate qui fait rage, tant le vote de samedi a, une fois encore, illustré combien la campagne était serrée. Version à toute petite échelle de la campagne nationale, les îliens se sont bel et bien exprimés (ils n’auront pas l’occasion de voter le 4 novembre). Résultat des courses : 2264 voix pour Obama, 2257 pour Clinton, une différence de 7 points, donc. Mais les regards sont déjà tous détournés du pacifique ouest et tant les pundits (analystes politiques et autres experts-journalistes) que les néophytes se focalisent aujourd’hui vers deux états clés qui pourraient bien, définitivement, certains démocrates diront même " enfin ! ", changer la donne.

" Le carrefour de l’Amérique "

L’Indiana tout d’abord. " The crossroads of America ", le " carrefour de l’Amérique " selon sa devise, cet état limitrophe de l’Illinois de Barack Obama est l’enjeu numéro 1 pour Hillary Clinton demain si elle veut se maintenir dans la course. Outre l’aspect purement comptable (79 délégués sont en jeu et lui permettraient de réduire l’avantage de son adversaire), l’enjeu est aussi hautement symbolique, voire psychologique, puisque l’Indiana est représentatif des blue-collar states (à population fortement ouvrière) et qu’une défaite, aussi courte fut-elle, de la candidate, montrerait qu ‘elle ne parvient pas à prendre l’ascendant sur son rival alors même que celui-ci traverse des temps pour le moins troublés. Ses conseillers ont ainsi présenté sa première apparition télévisée dans le très conservateur programme " The O’Reilly Factor " sur Fox News mercredi dernier comme une tentative pour rallier à sa cause l’électorat working class ainsi que les hommes blancs et indépendants qui pourraient bien faire la différence aujourd’hui. Elle a d’ailleurs sauté sur l’occasion pour commenter les déboires actuels de son concurrent démocrate qui venait de s’exprimer et de prendre des distances on ne peut plus claires au sujet de son pasteur iconoclaste, le révérend Jeremiah Wright. Son équipe de campagne se dit confiante et pense qu’elle l’emportera dans cet état de la dernière chance. Le dernier sondage publié par
CNN.com dimanche pourrait confirmer l’optimisme du camp Hillary : selon les chiffres, 50 % des électeurs démocrates soutiendraient Obama contre 42 % pour Clinton, soit une perte d’un point pour le candidat par rapport au week-end précédent. Erosion réelle de l’ " Obamania " ou coup de mou conjoncturel, un autre sondage publié mercredi dernier par le New York Times et CBS News révélait en tout état de cause que 51% de ces mêmes démocrates pensaient voir Obama remporter la nomination pour la présidentielle en août prochain, ils étaient 69% à le croire il y a un mois…

" Etre, plutôt que paraître "

Autre pari pour Hillary, 110 délégués sont aussi dans la balance en Caroline du Nord. Là et selon les dires mêmes de ses conseillers de campagne, ses chances de remporter l’élection sont moindres. Certes, elle a reçu le soutien du gouverneur démocrate de l’état, Mike Easley, certes Bill mouille la chemise jusque dans les comtés les plus reculés pour promouvoir l’ex-first lady, mais la forte population noire de l’état (22% contre 13% pour l’ensemble du pays) pourrait donner un avantage autrement plus net à Obama qui a toujours su rallier cet électorat. Il avait notamment remporté 80% du vote noir en Caroline du sud en janvier dernier et une enquête toute récente du Pew research center* indique que malgré une légère mais significative perte de confiance des électeurs démocrates en faveur d’Obama, 80 % des électeurs démocrates noirs lui restent fidèles.
La bataille va donc être rude aujourd’hui et il va bien s’agir d’envoyer des messages forts aux électeurs de l’état , rassurants pour Obama, combatifs pour Hillary. Elle n’a eu de cesse ce week-end, sillonnant l’état pour des meetings et autres réunions plus informelles que de réaffirmer ses priorités : un système de santé universel et décent, une économie forte et ragaillardie, une attention toute particulière aux classes moyennes. Obama, lui, a déjà remporté 31 états sur 46 et passe la journée de lundi en Indiana. Sa priorité à lui: elle a été vue, entendue et réaffirmée dans un spot de campagne diffusé dans cet état hier soir : croire en un changement politique possible. " Esse quam videri ", " être plutôt que paraître ", c’est là tout l’enjeu de cette primaire et, accessoirement, la devise de la Caroline du Nord !..

* Centre de recherche Pew pour le public et les médias publiée le jeudi 1er mai 2008.

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